Au sortir de l’École normale de Verviers en juin 1979, quelques enseignants fraîchement diplômés s’adjoignent l’aide d’instituteurs et de professeurs plus chevronnés rencontrés à l’occasion de stages ou d’animations extrascolaires (Mutualité des Jeunes Travailleurs, Centre de Coopération Éducative, Service de Formation des Cadres) pour poursuivre leur formation, pour mutualiser leurs travaux et recherches, pour réfléchir à leurs pratiques … pour changer l’école.

Nombre de propositions formulées alors, et à l’époque considérées par les décideurs comme révolutionnaires ou farfelues, sont aujourd’hui inscrites dans les pratiques pédagogiques ou, à tout le moins, dans les recommandations qu’il convient de mettre en œuvre. Que l’on pense aux pratiques coopératives, à la constitution d’équipes stables et si possible transversales, à l’individualisation des apprentissages (devenue aujourd’hui différenciation) …

Très vite, la volonté d’organiser une réflexion alternative sur l'école et l'éducation en général a débouché sur le projet de créer notre propre école. Les nombreux contacts avec les cabinets successifs se terminaient toujours sur les mêmes phrases: « Analyse pointue. Projet formidable. Le statut du personnel, les moyens financiers ou la crise, ou … empêchent une mise en œuvre immédiate. Continuez à travailler et revenez nous voir bientôt ».

Considérant que d'une part, il faut un changement des conditions sociales pour créer un système d'instruction nouveau ; que d'autre part, il faut un système d'instruction nouveau pour pouvoir changer les conditions sociales et qu’en conséquence, il faut partir de la situation actuelle, nous avons décidé de créer un ensemble de coopératives commerciales (copy service, papeterie, imprimerie, maison d’édition) destinées à financer à terme notre propre école.

Ces coopératives ont financé l’acquisition d’une maison rue Jardon à Verviers qui accueille toujours aujourd’hui l’asbl et ses activités.

Au fil des ans, certains des membres de l’association ont quitté le monde de l’école, d’autres au contraire y ont pris des responsabilités (direction d’établissements, inspection, échevinat …). Progressivement, le projet d’école a évolué vers des pratiques pédagogiques hors cadre scolaire (stages, formations continuées, éditions, animations, …).

Considérant qu’il est tous les jours plus urgent de définir des solutions pour que l'école favorise davantage les enfants des milieux populaires, qu’elle soit en mesure d’avoir un fonctionnement moins ségrégatif et que par ailleurs les formations pour adultes et adolescents victimes de l’échec scolaire et des dysfonctionnements de la société continuent à faire cruellement défaut, l’action de Grappa s’est naturellement installée dans un champ qui se situe à la frontière des mondes de l’école, du social et de la culture.